« Tout corps plongé dans une haine en action,
entièrement asséché par celle-ci ou pensant en surface le pire, subit une force
létale, dirigée de soi vers soi et opposée à la foi du volume d’un truisme mal
placé ; cette force est appelée poussée d’Archimerde »
R'humeurs
vendredi 10 mai 2013
samedi 13 avril 2013
Entrouverte
La
porte est entrouverte.
J’entends le tintement de la brosse à dents que tu poses
dans le verre en métal. Le bruit de tes pas nus sur le parquet me rappelle le
couinement d’une taupe prise au piège. Ton doigt appuie sur l’interrupteur. La
lumière du bureau s’éteint. Je rouvre les mirettes, sort ma tête de sous
l’oreiller. Tes yeux entrent dans la chambre. Ils brillent comme deux émeraudes
jalouses de leurs propres puretés. Elles mettent le paquet pour rattraper le
désir qui m’envahit. C’est peine perdue, je préfère l’écrin de ton visage. Tes
seins me pointent du doigt. Ils m’indiquent la direction à prendre pour les
caresser dans le sens du poil. Nu comme un ver Adam, mon serpent se mue en
dragon croqueur de pommes. Effluve de femme, Eve en taille de guêpe, tu es
pom-pom girl. Tu ne peux pas être plus nue que tu ne l’es. Je m’en félicite et
ton sourire vient se blottir contre mon épaule. Tes cheveux sur ma joue, ta
main sur mon saint, ma main sur tes hanches, ta jambe sous ma langue, ton sexe
a le goût de secte. Je suis prêt à renoncer à mon athéisme, prêt à retourner au
catéchisme, prêt à m’agenouiller pour te prier de ne pas arrêter. Les vitraux
de Notre Dame ont moins de couleurs que nos cris. Ils rendent aux voisins la
monnaie de nos pièces contiguës. Le cliquetis du tiroir
« qu’est-ce ? » couvrent nos respirations de marathoniens à
l’arrivée des jeux olympiques.
On
s’endort.
Siamois.
Portrait craché
-
Qu’est ce qu’il ressemble à son père, s’exclame la mère.
-
Tu as raison, dis donc. Incroyable comme il lui ressemble,
c’est exactement le même, rajoute la mère de la mère.
La jeune maman sourit. Plus
encore, c’est son visage qui s’ouvre comme une noix de coco tant son sourire se
fend lui-même d’un sourire.
Ca doit lui faire sacrément
plaisir que je ressemble à son mari. Elle prend cela pour un compliment
génétique, fière qu’elle est de son terreau photocopieur.
In utero versus out utero, je
suis le plus beau.
J’ai entendu dire que qui se
ressemble s’assemble. Il semble donc que je sois promis à n’être que la pièce
faite main d’un puzzle sexuel. Je ne suis pourtant qu’un Rubik’s Cube organique
dont les faces sont reconstitués par un arc-en-ciel clandestin n’ayant aucun
lien de parenté avec mes père et mère.
Évidemment, si j’étais conscient
de tout cela, ça m’arrangerait. Si je savais déjà que je devrais attendre la
crise du gris pour contrecarrer les plans d’une vie qu’on a tellement
tristement rendu ordinaire.
Mais voilà, quand on a quatre
ans, on ne sait pas ces choses là, on se doit de les ignorer.
Si seulement je savais parler la
vérité.
Si seulement ils arrêtaient de ne
pas m’écouter.
Pleurer.
samedi 23 mars 2013
De la nécessité...
Le dialogue intérieur est un espéranto qu’on remplit des
espoirs les plus fous, une phonétique essentielle à la survie de l’espèce.
C’est un alphabet inné qu’on aimerait assez clair pour nous faire oublier que
se frotter à l’extérieur n’est pas vraiment simple. A quelques mètres de la
surface, les choses se complexifient. La vue s’engourdit, les oreilles vous
sifflent la Marseillaise et l‘allégorie attaque la chair. A l’air libre, la
théorie et la pratique ne sont pas toujours les meilleurs alliés, c’est même
peu dire qu’elles se foutent très souvent sur la gueule.
Heureusement, l’âme n’est pas horizontale. Ni verticale.
Elle est le mouvement perpétuel, un rouet sans fin qui tisse une toile
d’araignée dangereusement statique pour qui se satisferait de l’ignorer.
Comme une sorte de peur nécessaire qui vous rend la vie
occasionnellement accueillante.
jeudi 31 janvier 2013
Do ré mi ...
Ah, Oreille Absolue des Six
Cordes, j’ai toujours mieux compris une guitare électrique qu’un cours
d’instruction civique. Je Vous le concède, ce n’est pas franchement un exploit.
Dans un monde qui ne se la jouerait pas, ça serait même un signe de bonne
santé. Comme moi, Vous savez qu’un solo de guitare est une pierre angulaire, qu’il
est le réquisitoire du procureur pour la loi du silence et la défense d’un
avocat qui a saisi l’indicible des mots, un tsunami de vibrations qui tient
plus de promesses que tous les meetings électoraux. L’adolescence ne s’y trompe
pas. Elle sait décoder les notes mieux que tout autre son articulé, pour peu
qu’on ne la contraigne pas à n’en écouter que deux sur les sept. Vous merci, je
n’ai jamais rencontré ce souci. Que j’aime cette langue sans mots, sans ces
étiquettes que le cerveau collent sur ce que les cinq sens perçoivent. Avec la
musique, il est submergé par les stimuli de chaque capteur de l’épiderme. Et ça
en fait, de la surface qui se trémousse. En rupture de stocks d’étiquettes, le
cerveau se met en chômage technique. Il n’a plus qu’à se détendre et laisser
faire le courant, il baigne dans une eau purifiée qui contient l’air, la terre
et le feu. Un jacuzzi Hi Fi.
lundi 19 décembre 2011
Sachons différencier un adulte d’un chat congelé.
Lorsque arrivent les fêtes de fin d’année, l’adulte entretient son entourage de sa profonde aversion pour les obligations des fêtes de fin d’année. Lorsqu’on lui suggère qu’il lui suffit juste de ne pas le faire, l’adulte s’irrite.
Lorsqu’on soumet cette proposition au chat congelé, il reste stoïque. On en déduit que le chat congelé fait comme il le sent. Ou alors fait preuve d’une arrogance toute féline.
L’adulte rechigne au bon sens. Vers la fin de l’année, il met le mensonge du Père Noël dans la tête de ses enfants, puis attend qu’ils grandissent pour leur dire la vérité. Le restant de l’année, il lui apprend qu’il ne faut pas mentir, que c’est pas bien. Lorsqu’on lui en fait la remarque, l’adulte s’irrite.
Le chat congelé ne manifeste que peu d’intérêt pour les traditions. Ainsi, la même remarque ne lui fera ni chaud ni froid. Certains scientifiques pensent qu’il s’agit là d’un instinct de survie développé lors des périodes glaciaires. Cela dit, si on le lâche du haut d’une tour, le chat congelé ne retombe pas sur ses pattes. Comme quoi, l’instinct, vous repasserez.
L’adulte est libre de ses décisions. Il a son libre arbitre. Sauf si une multinationale l’achète à la mi-temps. Lorsqu’il découvre la supercherie, l’adulte, dans un sursaut de révolte intérieure, décide de reprendre les rênes de sa vie et manifeste sa désapprobation en se suicidant sur son lieu de travail.
Le chat congelé est étranger à ceci. Il sert d’appât aux adultes qui chassent l’iceberg.
Doit on rejoindre la cause animale ?
Pour ma part, j’aimerais d’abord en connaître la conséquence. Parce que bon, on cause tôt à l’entrée des boîtes de nuit, on cause tard dans les bureaux, mais on cause pas souvent animale. Ou alors dans les embouteillages, avec sa femme dans les deux premières années du mariage, avec la marée chaussée lorsque vous soufflez dans l’éthylotest et que apprenez que vous êtes enceinte. Toutefois, dans un effort consensuel, je veux bien reconnaître la cause animale comme un conséquence directe de l’inconséquence humaine, ce qui ne surprendra aucun des tyrannosaures que j’aperçois dans l’auditoire de cette conférence sur les vérités cachées de Jurassic Park.
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